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Ransomware : comprendre, prévenir et réagir

9 min read Cybersécurité Mis à jour 13 Oct 2025
Ransomware : prévenir et réagir aux attaques
Ransomware : prévenir et réagir aux attaques

En raison de la généralisation des réseaux d’entreprise, les attaques informatiques se sont multipliées. Le ransomware est l’une des formes les plus visibles : il bloque l’accès aux fichiers ou aux systèmes et demande une somme en échange du déchiffrement. Ces dernières années, des agences publiques, des grandes entreprises, des PME et même des particuliers ont été victimes.

Capture d'écran illustrant une attaque de ransomware chiffrant des fichiers

Il suffit d’allumer un poste, d’ouvrir un compte et de découvrir que les fichiers sont chiffrés. Une note demande alors le paiement d’une rançon, souvent en cryptomonnaie. Ce document explique ce qu’est un ransomware, comment il se propage et comment s’en prémunir.

Qu’est-ce qu’une attaque par ransomware?

Définition rapide : un ransomware (ou rançongiciel) est un logiciel malveillant qui chiffre des fichiers ou verrouille des systèmes et exige une rançon pour rétablir l’accès.

  • Crypto-ransomware : chiffre les données et demande une clé de déchiffrement.
  • Locker ransomware : verrouille l’accès au système sans forcément chiffrer les fichiers.

Ces attaques n’agissent pas comme un virus classique. Elles pénètrent souvent via l’hameçonnage, un module malveillant déguisé en pièce jointe ou lien légitime. Une fois exécuté, le logiciel chiffre les fichiers, altère les sauvegardes montées ou verrouille les comptes administrateurs.

Important : payer la rançon ne garantit pas la restauration complète des données et encourage le modèle criminel. Faire appel aux autorités et à une équipe d’intervention spécialisée est recommandé.

Les principaux vecteurs d’infection

Connaître les vecteurs aide à prioriser la défense. Voici les vecteurs les plus fréquents.

Malware déguisé

Souvent distribué sous la forme d’un fichier qui semble légitime (document, installeur). L’attaque peut démarrer après l’ouverture d’une pièce jointe, d’un exécutable ou d’un script malveillant. Un cheval de Troie installe ensuite le ransomware.

Signes d’alerte : fichiers inconnus, extensions doubles (document.pdf.exe), execution automatique après ouverture.

Pop-ups et publicités malveillantes

Des fenêtres publicitaires ou faux messages d’assistance peuvent inciter à cliquer. Le clic mène à un site piégé qui télécharge silencieusement un malware.

Mesure simple : bloquer les scripts tiers et utiliser des bloqueurs de contenu pour réduire la surface d’attaque.

Pièces jointes et liens dans les e-mails (hameçonnage)

Le vecteur le plus courant. Un e-mail semble provenir d’une entité de confiance et invite à ouvrir un document ou cliquer sur un lien. Le fichier contient une macro malveillante ou le lien mène à un téléchargement.

Bonnes pratiques : filtrage des e-mails, sandboxing des pièces jointes, formation ciblée sur l’hameçonnage.

SMS (smishing) et messages instantanés

Les attaquants utilisent aussi les SMS et les messageries pour diffuser des liens malveillants. Le modèle Ransomware-as-a-Service (RaaS) rend ces opérations plus accessibles aux acteurs peu techniques.

Conséquence : un utilisateur qui clique peut infecter son appareil, puis propager l’attaque au reste du réseau via comptes et contacts partagés.

Ransomwares notables et enseignements

Plusieurs familles de ransomwares ont marqué l’histoire par leur ampleur ou leur modèle économique.

WannaCry

WannaCry a provoqué une vague d’attaques en 2017 et a affecté plus de 250 000 systèmes dans le monde. Le rançongiciel chiffrait des fichiers et demandait un paiement initial, puis augmentait la somme si la victime n’avait pas payé dans un délai donné. L’attaque exploitait des vulnérabilités non corrigées et se propageait rapidement à l’aide d’un mécanisme de propagation réseau.

Leçon : corriger rapidement les vulnérabilités et maintenir des sauvegardes isolées sont essentiels.

Ryuk

Ryuk se distingue par son mode opératoire : il est souvent déployé après une compromission manuelle. Les attaquants sélectionnent des cibles à forte valeur et lancent l’encryption au moment opportun. Ce modèle humain-équipé permet des attaques ciblées et potentiellement plus destructrices.

Leçon : la surveillance active et la détection d’anomalies complètent le patching et la prévention.

DarkSide

DarkSide a popularisé le modèle RaaS avec une structure commerciale complexe : des affiliés lancent les attaques et partagent les gains avec les opérateurs. Ils ont ciblé des organisations variées et parfois exigé des montants très élevés.

Leçon : la réponse juridique et la coopération internationale sont nécessaires pour perturber les écosystèmes criminels.

Comment une organisation peut se protéger

Aucune entreprise n’est à l’abri, mais des mesures réduisent fortement le risque et l’impact.

Mesures techniques essentielles :

  • Sauvegardes régulières et tests de restauration. Conserver des copies hors ligne et chiffrées.
  • Segmentation réseau et séparation des environnements (production, sauvegarde, admin).
  • Gestion des correctifs : appliquer les mises à jour critiques rapidement.
  • Authentification forte : MFA pour accès administratifs et services cloud.
  • Principes de moindre privilège et contrôle d’accès basé sur les rôles.
  • Protection des endpoints : EDR/AV moderne, contrôles d’exécution, whitelist d’applications.
  • Filtrage des e-mails : désactiver les macros par défaut, sandboxer les pièces jointes, bloquer les URL malveillantes.
  • Journalisation centrale et conservation des logs hors site pour l’investigation.
  • Politique de sauvegarde immuable ou stockage WORM quand possible.

Mesures organisationnelles :

  • Formation régulière des employés et simulations d’hameçonnage.
  • Scénarios tabletop et exercices d’incident.
  • Plan d’intervention documenté et rôles clairement assignés.
  • Politique de gestion des tiers : évaluer les fournisseurs, limiter permissions cloud.

Checklists par rôle

Pour l’administrateur système

  • Appliquer les correctifs critiques dans les 72 heures pour les systèmes exposés.
  • Vérifier la configuration des sauvegardes et tester la restauration mensuellement.
  • Activer l’authentification multifactorielle sur tous les accès distants.
  • Isoler les sauvegardes du réseau principal (air-gap ou stockage immuable).

Pour le responsable sécurité / CISO

  • Maintenir un runbook d’intervention et un contact liste (juridique, communication, IR externe).
  • Piloter les simulations d’hameçonnage trimestrielles et mesurer l’amélioration.
  • S’assurer que les contrats fournisseurs incluent des exigences de sécurité.
  • Évaluer outils EDR et solutions de détection comportementale.

Pour les employés

  • Ne pas ouvrir de pièce jointe ou cliquer sur un lien provenant d’un expéditeur inconnu.
  • Vérifier l’URL avant de saisir des identifiants et signaler les e-mails suspects.
  • Sauvegarder le travail de façon recommandée par l’équipe IT.
  • Respecter la politique d’utilisation des appareils personnels.

Runbook d’intervention (incident response)

  1. Détection et confinement
    • Isoler les systèmes infectés du réseau.
    • Déconnecter les sauvegardes montées si elles risquent d’être chiffrées.
  2. Identification
    • Recueillir indicateurs : hashes de fichiers, noms d’extension, note de rançon.
    • Évaluer l’étendue : systèmes, parts réseau, sauvegardes affectées.
  3. Communication et gouvernance
    • Activer l’équipe d’incident, notifier la direction et le service juridique.
    • Préparer communication externe avec un message contrôlé pour clients et partenaires.
  4. Analyse forensique
    • Conserver les preuves, collecter logs et images mémoire.
    • Faire appel à des spécialistes en réponse aux incidents pour l’investigation.
  5. Décision sur le paiement
    • Évaluer l’impact opérationnel et légal.
    • Informer les autorités compétentes. Le paiement doit rester une option de dernier recours ; il ne garantit pas la récupération.
  6. Restauration
    • Restaurer à partir de sauvegardes vérifiées et isolées.
    • Appliquer correctifs avant reconnecter les systèmes.
  7. Lessons learned
    • Documenter la chronologie, corriger les failles et mettre à jour les procédures.

Important : documenter chaque action et horodatage pour faciliter l’analyse post‑incident et les procédures légales.

Tests et critères d’acceptation pour les sauvegardes

  • Critère 1 : restauration complète des données critiques en moins de 4 heures lors d’un test mensuel.
  • Critère 2 : les sauvegardes immuables ne sont pas modifiables depuis le réseau de production.
  • Critère 3 : les sauvegardes sont chiffrées avec des clés gérées hors site.

Ces critères doivent être adaptés selon la criticité métier.

Niveau de maturité recommandé

  • Niveau 1 (Basique) : antivirus à jour, sauvegardes périodiques, formation ad hoc.
  • Niveau 2 (Intermédiaire) : MFA, segmentation réseau, EDR, exercices réguliers.
  • Niveau 3 (Avancé) : réponse aux incidents mature, simulations complexes, sauvegardes immuables, tests automatisés de restauration, threat hunting.

Passez progressivement au niveau supérieur en priorisant les mesures à fort impact et faible coût.

Impact × Effort qualitatif pour mesures clés

  • Sauvegardes hors ligne : Impact élevé, Effort moyen.
  • MFA sur comptes administratifs : Impact élevé, Effort faible.
  • Patch management automatisé : Impact élevé, Effort moyen.
  • Formation utilisateurs régulière : Impact moyen, Effort faible.
  • EDR et threat hunting : Impact élevé, Effort élevé.

Risques résiduels et mitigations

  • Risque : comptes à privilèges compromis. Mitigation : revues régulières d’accès, MFA, sessions administratives restreintes.
  • Risque : sauvegardes corrompues. Mitigation : stocker copies hors ligne et tester restaurations.
  • Risque : fournisseur tiers compromis. Mitigation : due diligence, contrats SLAs de sécurité, segmentation réseau.

Petite boîte à outils et bonnes pratiques techniques

  • Désactiver macros Office par défaut et autoriser les macros signées en cas de besoin.
  • Utiliser l’authentification multifacteur partout où possible.
  • Mettre en place la journalisation centralisée et la conservation hors site des logs.
  • Appliquer le principe du moindre privilège pour comptes et services.
  • Prévoir des canaux de communication alternatifs pour la crise (téléphone, communications externes).

Glossaire rapide

  • Hameçonnage : technique d’ingénierie sociale visant à tromper l’utilisateur par e-mail.
  • RaaS : Ransomware-as-a-Service, modèle commercial des groupes criminels.
  • EDR : Endpoint Detection and Response, détection et réponse aux menaces sur postes.
  • Immuable : stockage qui ne peut être modifié une fois écrit.

Résumé et recommandations clés

  • Prévenir avant tout : sauvegardes testées, correctifs rapides, MFA et segmentation.
  • Préparer l’organisation : runbook, rôles clairs et exercices réguliers.
  • Détecter rapidement : outils EDR et journalisation centralisée.
  • Ne pas considérer le paiement comme la seule option : impliquez les autorités et les spécialistes.

Notes importantes

  • La protection contre les ransomwares combine technique, processus et formation.
  • Ne divulguez pas d’informations sensibles publiquement pendant une attaque.

À propos de l’auteur

David Wille a plus de 7 ans d’expérience en recherche sur la propriété intellectuelle et est diplômé en informatique. Il s’intéresse à plusieurs domaines techniques et rédige des guides pratiques pour aider les organisations à réduire les risques numériques.

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