Maintenance Ubuntu — Guide pour garder un système propre

Pourquoi entretenir Ubuntu

Ubuntu est l’une des distributions GNU/Linux les plus populaires et conviviales. Pour autant, la facilité d’utilisation ne dispense pas d’une maintenance régulière : caches accumulés, paquets orphelins, anciens noyaux et fichiers temporaires peuvent occuper de l’espace disque, ralentir les mises à jour et compliquer les sauvegardes. Ce guide propose des bonnes pratiques, des commandes et des outils pour garder un système propre sans prendre de risques inutiles.

Important : Toujours sauvegarder vos données importantes avant d’effectuer des nettoyages en profondeur.

Éviter la compilation depuis les sources

La compilation depuis les sources a des avantages (optimisation, options spécifiques), mais pour la plupart des utilisateurs elle complique la maintenance. Installer depuis un paquet .deb permet :

• de suivre facilement les dépendances via le gestionnaire de paquets ;
• de désinstaller proprement ;
• d’éviter la coexistence de plusieurs versions non gérées d’un même logiciel.

Si vous devez vraiment compiler, utilisez checkinstall au lieu de make install. checkinstall génère un paquet .deb que le gestionnaire peut gérer (installation, désinstallation, suivi des conflits) :

sudo apt-get install checkinstall
# puis après ./configure && make :
sudo checkinstall

Commandes de maintenance essentielles

Utilisez ces commandes périodiquement — par exemple une fois par mois ou selon l’utilisation — pour limiter l’accumulation de fichiers inutils et nettoyer le cache :

sudo apt-get clean

Cette commande vide le cache local des fichiers de paquets téléchargés.

sudo apt-get autoclean

autoclean supprime uniquement les paquets qui ne sont plus présents dans les dépôts ou pour lesquels une version plus récente existe.

sudo apt-get autoremove

autoremove supprime les paquets qui avaient été installés comme dépendances et qui ne sont plus nécessaires. Avant de valider, vérifiez la liste pour éviter la suppression d’un paquet utile.

Note : Sur les versions récentes d’Ubuntu, apt (sans -get) donne des messages plus lisibles et combine certaines actions : sudo apt autoremove, sudo apt clean.

localepurge — libérer de l’espace en supprimant les locales inutiles

localepurge supprime les traductions et locales dont vous n’avez pas besoin, en ne gardant que la(les) langue(s) sélectionnée(s). C’est utile sur un poste unique où vous n’utilisez qu’une langue. Installez-le avec :

sudo apt-get install localepurge

localepurge s’exécute automatiquement lors des mises à jour ou installations et peut économiser de l’espace disque. Inconvénient : il rallonge légèrement les opérations d’installation/mise à jour.

Important : Si vous gérez un système multilingue (ou des utilisateurs utilisant d’autres langues), n’installez pas localepurge ou configurez-le soigneusement.

ucaresystem — automatiser une suite d’actions de maintenance

ucaresystem automatise plusieurs actions de maintenance : mise à jour des listes, installation des mises à jour disponibles, suppression des paquets inutiles, suppression des anciens noyaux, nettoyage des fichiers téléchargés, etc. Pour l’installer :

sudo add-apt-repository ppa:utappia/stable
sudo apt update
sudo apt install ucaresystem-core

Exécutez ensuite :

sudo ucaresystem-core

ucaresystem garde le noyau actif et la version précédente comme sauvegarde. C’est un outil pratique pour un nettoyage global ponctuel. Testé avec des dérivées d’Ubuntu (par exemple Elementary OS), il fonctionne correctement dans la plupart des cas.

Note : examinez la liste des actions proposées avant confirmation et conservez un ou deux noyaux récents tant que vous n’êtes pas certain que le système fonctionne correctement après mise à jour.

GtkOrphan — revue interactive des paquets orphelins

GtkOrphan fournit une interface graphique pour gérer les paquets orphelins détectés par deborphan. Il est utile si vous souhaitez décider manuellement quoi supprimer plutôt que d’automatiser tout.

Installez-le avec :

sudo apt-get install gtkorphan

À l’ouverture, GtkOrphan scanne les paquets orphelins. L’interface affiche les options en bas et propose un onglet montrant les paquets non-orphelins et leurs dépendances en vue arborescente. Cochez et supprimez après vérification.

Conseil : exécutez GtkOrphan après sudo apt-get autoremove pour réduire le nombre de faux positifs.

BleachBit — nettoyage d’applications et fichiers temporaires

BleachBit permet de nettoyer les caches, historiques, fichiers temporaires, journaux et autres résidus d’applications. Il propose également une prévisualisation avant suppression.

Installez-le depuis les dépôts :

sudo apt-get install bleachbit

Avant d’exécuter le nettoyage, cliquez sur la loupe pour obtenir un aperçu de ce qui sera supprimé et de l’espace potentiellement récupéré.

Important : Soyez prudent avec les options sensibles (cookies, sessions, préférences d’application). La suppression peut faire perdre des informations précieuses ou rallonger le temps nécessaire pour reconstruire des caches utiles au quotidien.

Ubuntu Tweak — Janitor pour un nettoyage orienté paquets

Ubuntu Tweak propose l’outil « Janitor » qui affiche les gains d’espace et les noms des paquets. Cela aide à décider avec confiance ce qu’il est sûr de supprimer. Ubuntu Tweak n’est pas toujours dans les dépôts officiels ; téléchargez le paquet .deb depuis le site officiel du projet si nécessaire.

Méthodologie sûre : séquence recommandée

Mini-méthode (sécurisée et progressive) :

1. Sauvegarde : exportez vos fichiers personnels et créez une image système si possible.
2. Mise à jour des listes et du système :

sudo apt update && sudo apt upgrade

3. Nettoyage du cache apt :

sudo apt clean
sudo apt autoclean

4. Suppression des dépendances inutiles :

sudo apt autoremove

5. Vérification manuelle et interactive : GtkOrphan, Ubuntu Tweak.
6. Nettoyage d’applications : BleachBit (mode aperçu d’abord).
7. Nettoyage des locales si approprié : localepurge.
8. Exécuter ucaresystem pour une passe complète (optionnel).
9. Redémarrer et vérifier le fonctionnement du système (applications principales, imprimante, son, réseau).

Cette séquence réduit les risques d’effets secondaires en procédant étape par étape.

Quand ces outils peuvent échouer ou poser problème

• Systèmes multilingues : localepurge peut supprimer des locales nécessaires à d’autres utilisateurs.
• Paquets critiques marqués comme « orphelins » : vérifiez la liste ; certains paquets système peuvent être détectés à tort.
• Nettoyage automatique d’anciens noyaux : ne supprimez pas tous les anciens noyaux avant d’avoir testé le noyau actif.
• Applications propriétaires : certains nettoyeurs peuvent effacer des fichiers de configuration non répliqués par le service d’installation, causant perte de paramètres.

Contre-exemples pertinents :

• Sur un serveur de production, évitez les nettoyages automatiques sans fenêtre de maintenance, sauvegardes et plan de rollback.
• Pour les environnements où la stabilité prime (par ex. stations de travail de production), privilégiez l’inspection manuelle aux nettoyages massifs.

Alternatives et approches complémentaires

• Conteneurisation (Docker) pour isoler les applications et éviter de polluer le système hôte.
• Utiliser Snap/Flatpak pour gérer les applications sandboxées ; elles prennent de la place mais isolent les dépendances.
• Réinstallation propre (nuke & pave) lorsque l’accumulation est importante et que la configuration peut être répliquée rapidement.
• Partitionner les données utilisateurs (home séparé) pour faciliter la réinstallation du système sans perdre les données.

Modèle mental : trois couches de nettoyage

• Configuration (fichiers dans /etc, ~/.config) : sensibles, à sauvegarder.
• Caches temporaires (navigateur, apt cache, thumbnails) : faciles et sûrs à supprimer.
• Paquets et dépendances : nécessite validation (destruction possible de fonctionnalités).

Penser en couches aide à prioriser l’action et réduire les risques.

Checklists selon le rôle

Desktop — Utilisateur débutant

• Sauvegarder documents et favoris du navigateur.
• Exécuter : sudo apt update && sudo apt upgrade.
• Lancer sudo apt autoremove puis sudo apt clean.
• Utiliser BleachBit en mode aperçu uniquement.

Power user — Utilisateur avancé

• Vérifier paquets installés manuellement (compilations depuis sources).
• Utiliser checkinstall pour futures compilations.
• Tester GtkOrphan puis supprimer manuellement.
• Configurer localepurge si mono-langue.

Administrateur système

• Planifier fenêtre de maintenance et sauvegardes complètes.
• Exécuter apt autoremove et vérifier les paquets critiques.
• Utiliser ucaresystem sur des machines non critiques en premier.
• Documenter toute suppression de paquets et réaliser rollback si nécessaire.

Critères d’acceptation (Критерии приёмки)

• L’espace disque libéré est visible et pertinent pour le poste concerné.
• Le système redémarre sans erreur et les applications essentielles fonctionnent.
• Les préférences utilisateur critiques ne sont pas perdues (ou ont été restaurées depuis sauvegarde).
• Les anciens noyaux conservés suffisent pour un rollback si nécessaire.

Notes de sécurité et confidentialité

• BleachBit peut supprimer des jetons, cookies ou sessions. Vérifiez avant suppression pour éviter de perdre des accès.
• Les nettoyages automatiques peuvent supprimer des logs nécessaires pour des audits. Ne les lancez pas avant d’archiver ce qui est nécessaire.
• Conservez des sauvegardes chiffrées si vous manipulez des données sensibles.

Petit arbre de décision (aide au choix d’outil)

flowchart TD
  A[Démarche de nettoyage] --> B{Souhaitez-vous automatiser?}
  B -- Oui --> C[ucaresystem]
  B -- Non --> D{Cherchez-vous l'interface graphique?}
  D -- Oui --> E[GtkOrphan + Ubuntu Tweak]
  D -- Non --> F[Commandes apt + BleachBit 'aperçu']
  C --> G{Système mono-langue?}
  G -- Oui --> H[Ajouter localepurge]
  G -- Non --> I[Ne pas installer localepurge]
  F --> J[Utiliser checkinstall si compilation nécessaire]

Résumé et bonnes pratiques

• Sauvegardez avant tout gros nettoyage.
• Privilégiez les paquets gérés (.deb) plutôt que la compilation manuelle quand c’est possible.
• Exécutez d’abord les commandes apt (clean, autoclean, autoremove) puis des outils interactifs.
• Utilisez BleachBit en mode aperçu et GtkOrphan/Ubuntu Tweak pour valider manuellement.
• Sur serveurs, procédez avec prudence : fenêtre de maintenance, sauvegarde, plan de rollback.

Conclusion

Il existe de nombreux outils complémentaires pour maintenir un système Ubuntu propre. Le choix dépend du niveau d’automatisation souhaité, du type d’ordinateur (poste personnel vs serveur) et du besoin multilingue. En suivant une méthodologie progressive (sauvegarde → mise à jour → nettoyage sélectif → vérification), vous minimisez les risques tout en libérant de l’espace disque et en conservant des performances stables.

Important : prenez l’habitude d’inspecter les listes proposées par les outils avant de supprimer quoi que ce soit et conservez un noyau de secours tant que tout n’a pas été validé.

Résumé rapide : sauvegarde d’abord, apt clean/autoclean/autoremove, outils interactifs (GtkOrphan, Ubuntu Tweak), BleachBit pour caches applicatifs, ucaresystem pour une passe complète, localepurge seulement si mono-langue.